Compte-rendu

rapport détaillé d'un événement, une situation, un ouvrage etc. Des récits simples comme le Ricard, le tout sans vous soûler (j'espère).

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Par Caroline Ricard
15 avr. · 2 mn à lire
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Le voyage au Maroc

La semaine dernière, j’ai pris mon père et mon fils sous le bras et je me suis envolée à Marrakech. 

C’est la troisième fois que je me rends à Marrakech. Pourtant j’ai le sentiment de ne rien connaître de cette ville, tout en ayant malgré tout cerné ses contours. La première fois que j’ai découvert la ville rouge, c'était il y a des années avec ma sœur. L’ambiance était davantage à la fête et au complexe hôtelier. La deuxième fois c’était l’année passée lors d’un voyage de presse. Je suis de nouveau tombée amoureuse de l’énergie qui se dégage de Marrakech et que je ne saurais décrire. Cette année, j’ai décidé d’y emmener mon père et mon fils, qui n’avaient encore jamais foulé le sol marocain. 

Un sentiment d’urgence

Dans 2 mois, cela fera officiellement 2 ans que j’ai quitté mon CDI. Et si j’ai l’impression d’avoir plus ou moins trouvé un équilibre qui tienne la route (une route qu’on emprunte seulement en Buggy on est d’accord) je me suis rendue compte que je n’avais jamais pris de vacances. Je n’étais jamais partie sans mon ordinateur, sans consulter ma boîte mail ou prendre le temps d’officialiser la chose avec un message d’absence (au risque de vous décevoir, les miens sont très formels, je laisse les messages humoristiques à mon amie Pauline Arnal). Pire encore, je n’étais jamais partie sans avoir un dossier à boucler, un papier à écrire, un texte à rendre. Cette fois-ci je me suis dit qu’au-delà même de la notion de mérite (qui ne mérite pas de kiffer un peu en réalité ?) j’avais le droit, le besoin voire même l’obligation de prendre ce temps pour moi, pour profiter de mon fils autrement mais aussi pour créer des souvenirs. Car elle se situait exactement là l’urgence, au creux de mon bide : l’envie irrépressible de graver à jamais des souvenirs heureux de vacances avec mon père et mon fils.

Mon père a 68 ans. J’en ai eu 34 et Ismaël vient de fêter ses 3 ans. Je m’étais promis de lui organiser une fête comme font toutes les supers mères sur Instagram (mais je déteste les arches de ballons) et puis la vie m’a de nouveau ensevelie sous une montagne de choses à faire. Alors nos 105 ans cumulés et nos 3 bagages cabines difficilement bouclés, nous nous sommes rendus à Marrakech pour profiter de la vie…

Et c’était trop bien ! Beaucoup de hauts et quelques bas. Quelques engueulades aussi, des mots et des soupirs qui sortent sous le coup de la fatigue ou de l’agacement. Peu de mots d’amour parce qu’avec mon père on ne sait pas trop faire. Mais on était pleinement là et puis les rires ça ne trompe pas, enfin je crois. On ne sait pas se dire je t’aime mais on sait prendre soin l’un de l’autre, s’aider, se soulager. Chez nous c’est un langage d’amour, on partage un bon repas, on s’émerveille ensemble devant les trésors de la ville. “T’as vu ça?”, “Oh, c’est superbe !”. Je souris du coin des lèvres quand je le vois observer, poser des questions à des hommes qui jouent à un jeu de société dans la rue, porter son petit-fils pour s’approcher de musiciens ou le mettre sur ses épaules parce qu’il ne veut plus marcher. Comme quand j’avais 3 ans.

J’ai senti que le temps passait. Que c’est super de s’accomplir individuellement mais qu’on est en réalité peu de choses sans la présence des siens et que tous les moments du quotidien mais aussi ceux qui nous en sortent sont des trésors qui resteront à jamais. Peu importe l’âge qui avance, la vue qui baisse, les idées reçues qui persistent et se durcissent. Ces souvenirs de moments heureux deviendront plus tard une aide précieuse pour se repérer dans l’histoire de nos vies. Du miel sur nos coeurs parfois malmenés et abimés. Une preuve s’il en fallait encore une que nous sommes aimés. À 68, 34 ou même 3 ans.